Auteur et metteur en scène argentin parmi les plus importants de la scène contemporaine internationale, Rafael Spregelburd met en scène une Cassandre contemporaine, dans une confrontation intense entre rationalité et prophétie, entre cause et effet, ordre et délire.

Diciassette cavallini s'articule autour du mythe de Cassandre, abordé en deux temps diamétralement opposés. La première partie, L'Oracolo invertito, est « apollinienne », liée à la figure du dieu Apollon et à une structure dramaturgique conventionnelle, et met en scène une Cassandre moderne qui affirme pouvoir prédire les malheurs futurs, tandis que son psychanalyste tente de démanteler toutes ses certitudes. La deuxième partie, I diciassette cavallini, est quant à elle « dionysiaque », dominée par la folie du dieu Dionysos : les acteurs construisent un jeu théâtral qui se déroule à l'envers, de sorte que le public assiste d'abord aux effets, puis reconstitue les causes à rebours. Cette structure inversée, réalisée dans une chorégraphie en 17 mouvements – comme le nombre de soldats qui sortent du ventre du cheval de Troie – donne vie à une hypothèse poétique : trouver des réponses à des questions encore inexprimées.
Spregelburd rejette la causalité traditionnelle cause/effet, proposant à la place une dramaturgie qui prend la forme des causalités complexes qui régissent notre vie. Le thème est né de la confrontation avec les acteurs, qui ont exprimé le désir utopique de se tourner vers un avenir incertain. La tragédie, comprise comme une ligne droite vers la destruction, devient ainsi un outil pour accéder au présent, pour explorer l'espace et le temps dans leur réalité non linéaire, pour se confronter à tous les événements catastrophiques qui entrent chaque jour en collision avec l'apparente unidirectionnalité de la vie.